« Thérèse Wagner, le piège de la double appartenance » 🖋️ Par Ir Fiston MITIMA KASI
1. Quand la congolité devient une arme politique à géométrie variable
Depuis quelque temps, la question de la congolité revient avec une force étrange dans notre débat national. Pas comme une réflexion structurée sur l’identité et la citoyenneté, mais plutôt comme une arme politique à double tranchant, brandie à chaque fois que les intérêts changent de camp ou que le pouvoir vacille.
Pourquoi ne parle-t-on de la nationalité ou des origines réelles ou supposées d’un responsable politique que lorsqu’il devient gênant, ambitieux ou dissident ? Pourquoi les mêmes silences deviennent soudain vacarme dès lors qu’une ligne rouge invisible est franchie ?
😔Un flou juridique qui arrange tout le monde
La Constitution de la République Démocratique du Congo interdit la double nationalité. Mais dans les faits, aucune institution n’en assure le contrôle effectif. Aucun fichier national, aucune procédure transparente, aucune instance dédiée ne vérifie systématiquement qui détient une autre nationalité. Résultat ? La question devient une bombe politique à retardement, utilisée à discrétion.
😩Une congolité utilisée à la carte
On ferme les yeux sur les origines supposées d’un ministre, d’un général ou d’un proche du régime tant que leur loyauté politique est intacte. Mais dès qu’ils prennent une posture critique, indépendante ou ambitieuse, les soupçons ethniques ou identitaires sont instrumentalisés pour les fragiliser.
Ce fut le cas dans le passé pour plusieurs personnalités publiques. Aujourd’hui encore, la polémique autour de certaines figures du gouvernement, comme celle de la ministre des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, montre à quel point notre société est prête à abandonner les principes pour s’accrocher aux passions.
😔Une manœuvre de diversion en temps de crise
À chaque période de turbulences – guerre à l’Est, tensions électorales, diplomatie contestée – la congolité revient sur le devant de la scène. Comme si, faute de résultats concrets, il fallait désigner un “faux Congolais” pour détourner la colère populaire. Une stratégie aussi vieille que dangereuse : diviser pour régner.
✅L’identité congolaise doit être une force, pas une faille
Nous devons sortir de cette conception ethno-politique et utilitariste de la citoyenneté. Être Congolais ne peut pas dépendre du moment, du pouvoir ou de la région. Cela doit reposer sur un socle clair : la loi, l’histoire, la culture, l’engagement envers la nation.
🗣️👇🏻Ce que nous devons faire :
✅ Revoir et clarifier juridiquement la question de la nationalité et de la double appartenance ;
✅ Créer une base de données fiable, publique et transparente des cas de double nationalité avérée ;
✅ Construire une citoyenneté inclusive, où la loyauté, le service au pays et la compétence comptent plus que le nom ou l’origine des parents.
2. Thérèse Kayikwamba Wagner, diplomatie d’élite et débat sur la congolité : faut-il redéfinir l’appartenance nationale ?
Depuis sa nomination à la tête du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner s’est imposée comme l’une des figures les plus en vue du gouvernement Suminwa. Elle représente la RDC sur les scènes internationales avec une aisance rare, fruit d’une trajectoire personnelle et professionnelle résolument internationale. Pourtant, derrière cette brillante façade, une question politique, identitaire et presque existentielle refait surface : celle de la congolité.
😃👌Une ascension fulgurante… et cosmopolite
Juriste de formation, diplômée d’institutions prestigieuses comme Harvard, l’université de Mayence ou encore l’Académie de droit international de La Haye, Wagner a longtemps travaillé au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) avant de rejoindre la diplomatie congolaise. Née d’un père allemand, ancien missionnaire catholique ayant choisi de s’installer définitivement au Congo, et d’une mère originaire du Kasaï, Thérèse Wagner incarne une synthèse entre deux mondes : africain et européen, traditionnel et globalisé.
Elle est sans doute congolaise de droit et de cœur, mais pour une partie de l’opinion, cela ne suffit pas. Les débats sur sa nationalité supposée multiple, son attachement à la RDC, ou encore les allégeances qu’on lui prête, ne cessent de surgir dans l’arène publique — notamment dans le contexte tendu de la guerre à l’Est du pays, où la confiance dans les représentants de l’État est soumise à rude épreuve.
😢Le spectre de la “congolité” : une vieille blessure toujours vive
Le débat sur la congolité ne date pas d’hier. Il a émergé de manière aiguë dans les années 1990 et 2000, en pleine crise des Grands Lacs, au cœur des conflits identitaires liés à la présence des populations dites « rwandophones » dans l’Est du pays. Il a depuis été ravivé lors de certaines échéances électorales ou nominations controversées, au point de devenir un instrument politique. Cette notion floue, parfois instrumentalisée, oscille entre ethnicité, origine géographique, histoire familiale et attachement au territoire national.
Dans le cas de Mme Wagner, les critiques, souvent voilées, ne reposent pas tant sur ses compétences – unanimement reconnues – que sur une méfiance identitaire diffuse. Peut-on être une fille de missionnaire allemand et représenter les intérêts du Congo contre les visées expansionnistes du Rwanda ? Peut-on avoir été formée en Europe, parler plusieurs langues, fréquenter les cercles diplomatiques occidentaux et demeurer pleinement attachée à la souveraineté congolaise ?
🧐❓Identité nationale ou loyauté politique ?
Ces interrogations mettent en lumière un dilemme non résolu : la RDC a-t-elle une définition claire et inclusive de la nationalité ? La Constitution de 2006 interdit la double nationalité, mais cette règle reste largement ignorée, y compris par nombre de personnalités politiques. Le flou juridique alimente la suspicion, dans un pays où l’identité nationale s’est longtemps construite dans la douleur : colonisation, balkanisation, ingérences étrangères, conflits armés.
Mais poser la question de la loyauté uniquement à travers les origines ethniques ou familiales peut être dangereux. Cela revient à rejeter une partie des Congolais sur des critères qui relèvent plus du passé colonial que de la construction républicaine. Si la congolité devient un instrument d’exclusion, alors elle perd son sens.
👏🏻Compétence, loyauté, service
Le débat sur Thérèse Wagner devrait donc s’articuler autour de trois critères fondamentaux :
- La compétence – Peut-elle bien représenter la RDC et défendre ses intérêts ?
- La loyauté – Agit-elle dans l’intérêt du pays et de son peuple ?
- Le service – Sa présence renforce-t-elle la diplomatie congolaise ?
Sur ces trois points, jusqu’ici, la ministre semble faire ses preuves : offensive diplomatique contre le Rwanda à l’ONU, réactivation de partenariats oubliés, retour de la RDC dans plusieurs organisations stratégiques.
3. 📄 Quand la nationalité devient un instrument politique : le piège de la congolité conditionnelle
Depuis quelques semaines, la ministre d’État en charge des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, fait l’objet d’une controverse discrète mais révélatrice : des interrogations émergent sur ses origines exactes, sa nationalité réelle, son passé et son attachement à la République. Pourtant, elle est saluée officiellement par le Président de la République pour ses succès diplomatiques. Alors, pourquoi soudain ce débat ?
La réponse est simple, et inquiétante : la congolité est instrumentalisée à des fins politiques.
Tant que l’intéressée est perçue comme loyale au pouvoir en place, sa nationalité ne fait pas problème. Elle est Congolaise, digne, compétente, et même un symbole de réussite. Mais que se passerait-il si demain elle exprimait des divergences, choisissait de s’opposer ou quittait le navire présidentiel ? Il y a fort à parier que son identité deviendrait une arme contre elle. On l’accuserait peut-être d’être allemande d’abord, de n’avoir aucun ancrage local, voire d’avoir été imposée par des puissances étrangères.
Ce traitement différencié n’est pas un cas isolé : la congolité devient souvent un outil de disqualification politique, utilisé à géométrie variable. Elle ne se fonde pas sur le droit, ni sur les faits, mais sur les intérêts du moment. On est Congolais tant qu’on est utile au pouvoir. On devient “étranger” dès qu’on dérange.
3. 📄 Titre : Quand la congolité devient une arme politique
Depuis quelques jours, le débat autour des origines de Madame la Ministre d’État Thérèse Kayikwamba Wagner, pourtant portée en triomphe pour ses succès diplomatiques, refait surface. Et comme à chaque fois, il n’est pas innocent. Il intervient à un moment où les intérêts politiques pourraient être fragilisés, et où certains cherchent à réactiver les vieux réflexes d’exclusion pour mieux verrouiller le débat national.
Il faut oser le dire : la congolité, dans notre pays, est à géométrie variable. Tant que vous êtes utile au régime en place, vos origines mixtes deviennent une richesse, une ouverture sur le monde, un symbole d’une diplomatie rayonnante. Mais dès que vous osez vous émanciper du giron du pouvoir, ou pire, afficher une opinion différente, la même société – ou ses faiseurs d’opinion – vous assigne à résidence identitaire. On vous demande alors si vous êtes vraiment Congolais. On vous suspecte. On vous délégitime.
Ce double standard est non seulement injuste, mais dangereux. Car il installe l’idée que la nationalité congolaise ne serait pas un droit constitutionnel inaliénable, mais une faveur temporaire, accordée tant que vous restez dans les clous politiques.
À tous les Congolais de l’intérieur ou de la diaspora, aux enfants de couples mixtes, à ceux qui ont étudié, vécu ou travaillé à l’étranger : soyez prévenus. Aujourd’hui célébré, demain rejeté ? Cela dépendra moins de vos origines que de votre position politique. Il est temps de dénoncer cette logique destructrice.
🗣️🗣️La vraie question à poser n’est pas : « D’où vient-elle vraiment ? », mais bien : « Que fait-elle pour son pays ? »
La République Démocratique du Congo ne gagnera ni en unité ni en puissance tant qu’elle traitera ses propres enfants comme des étrangers à surveiller.
Il est temps de sortir de cette logique dangereuse. La nationalité est un statut juridique et civique, pas un levier de pouvoir ou de règlement de comptes. La République ne peut construire sa cohésion sur des appartenances conditionnelles, fluctuantes et soumises à l’arbitraire du politique.
Notre avenir dépend aussi de notre capacité à protéger la citoyenneté contre ce type de dérives.
4. Conclusion : vers une congolité assumée et ouverte ?
La congolité ne doit plus être un piège. Elle doit être un pont entre les fils et filles du Congo, où qu’ils soient nés, quelle que soit leur langue ou leur couleur de peau. Ce débat mérite mieux qu’une instrumentalisation politicienne. Il mérite une réforme profonde, sereine et patriotique.
La RDC doit sortir de la logique de la suspicion identitaire, sans pour autant renoncer à l’exigence de transparence sur les parcours de ses dirigeants. Le pays gagnerait à adopter une approche plus claire, inclusive et juridique de la nationalité, tout en veillant à renforcer la culture de la redevabilité politique.
Thérèse Kayikwamba Wagner, dans cette perspective, peut devenir un symbole de ce Congo qui assume sa diversité et puise dans ses identités multiples la force de sa diplomatie. À condition que la République elle-même sache protéger ses enfants, quels que soient leurs noms ou leurs accents.
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✍️ Par Ir Fiston MITIMA KASI
Ingénieur en informatique, consultant et analyste indépendant, activiste des droits humains et de l’environnement

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