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📰 Qui arme le M23 ? Il est temps de nommer les responsabilités
Par Ir Fiston MITIMA KASI
Président de DPERC-RDC/Asbl – Développement, Protection de l’Environnement et lutte contre le Réchauffement Climatique en RDC
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1. 📝 La face cachée du soutien au M23 : une urgence géopolitique masquée sous une crise humanitaire
La déclaration de l’Union européenne, ce 3 juin à Beni, soulignant sa vive préoccupation face à l’aggravation de la crise humanitaire au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, est à la fois salutaire et incomplète. Car poser la question humanitaire sans s’attaquer à ses causes structurelles et politiques, c’est verser dans l’hypocrisie diplomatique.
La détérioration de la situation résulte directement des opérations militaires continues du mouvement M23, qui contrôle de larges pans du territoire congolais depuis plus d’un an, avec une logistique sophistiquée, des armes modernes, des drones, des unités bien entraînées et une organisation quasi étatique dans certaines localités.
Mais qui arme, finance et soutient réellement le M23 ?
💣 Soutien militaire : une implication étrangère difficile à nier
Plusieurs rapports d’experts des Nations Unies, dont celui de décembre 2022, ont documenté l’implication directe de l’armée rwandaise (RDF) dans le soutien au M23 :
- Présence de soldats rwandais en RDC, en uniforme ou infiltrés.
- Fourniture d’armes, munitions, matériel de communication et soutien en renseignement.
- Appui logistique : transport de troupes, évacuation des blessés, commandement tactique.
Ce soutien est nié officiellement par Kigali, mais corroboré par de nombreuses sources crédibles, y compris régionales. Le Rwanda y voit un levier stratégique pour neutraliser les FDLR, mais aussi pour maintenir une zone tampon et d’influence économique en RDC.
💵 Soutien financier : un réseau opaque mais organisé
Le M23 semble bénéficier d’un financement structuré, qui ne peut venir uniquement de « contributions locales » :
- Trafic de minerais : l’or, la cassitérite, le coltan, extraits illégalement dans les zones occupées, sont vendus via des circuits transfrontaliers.
- Racket des populations, perception illégale de taxes, contrôle de routes commerciales.
- Réseaux de la diaspora, y compris certains soutiens politiques basés à l’étranger.
- Appui étatique indirect : par des « zones grises » de gouvernements ou de services spéciaux d’États intéressés par les richesses du Congo ou par un affaiblissement durable de Kinshasa.
🛠️ Soutien logistique et technologique
La logistique du M23 dépasse largement celle d’une rébellion locale. Le groupe dispose de :
- Drones de surveillance, communication cryptée, armement de précision.
- Bases de repli sûres dans les pays voisins.
- Une chaîne de commandement structurée, avec des cadres militaires souvent formés à l’étranger.
Cela implique une planification logistique complexe, que seule une puissance ou un réseau étatique régional peut soutenir à long terme.
❗ Conclusion : l’urgence de la clarté politique et diplomatique
Il ne suffit pas de déplorer les souffrances humaines. Il faut nommer les causes et les responsabilités. Si l’Union européenne, les Nations Unies et l’Union africaine veulent réellement la paix à l’Est du Congo, ils doivent exiger des enquêtes indépendantes, imposer des sanctions ciblées contre les États ou entités qui soutiennent le M23, et renforcer la souveraineté de l’État congolais.
La neutralité diplomatique face à l’agresseur n’est pas une option, quand des millions de civils paient le prix de l’inaction.
👑Chapeau : Alors que l’Union européenne s’inquiète de la crise humanitaire grandissante au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, la question centrale reste évitée par la plupart des acteurs internationaux : qui finance et soutient militairement le M23 ? Tant que cette vérité restera masquée, aucune paix durable ne sera possible à l’est de la RDC.
Une indignation diplomatique à géométrie variable
Le 3 juin 2025, en déplacement à Beni, l’ambassadeur de l’Union européenne en RDC a exprimé la “vive préoccupation” de son institution face à la dégradation alarmante de la situation humanitaire dans l’Est du pays. Si cette déclaration rappelle à juste titre les souffrances subies par les populations civiles, elle élude un point fondamental : les causes militaires, financières et géopolitiques de cette tragédie humaine.
Qui contrôle aujourd’hui Rutshuru, Masisi, Nyiragongo, Bunagana ? Le M23. Et avec quels moyens ? Certainement pas ceux d’une simple milice locale, mais bien ceux d’une force militaire dotée d’un appui extérieur structuré, régulier et stratégique.
Un soutien rwandais largement documenté
Les rapports d’experts des Nations Unies, notamment ceux publiés depuis 2022, sont sans ambiguïté : l’armée rwandaise (RDF) est directement impliquée dans les opérations du M23. Des unités RDF combattent aux côtés des rebelles, fournissent un armement sophistiqué, assurent la logistique, le renseignement et parfois même le commandement des opérations.
Ces faits, bien que niés par Kigali, sont confirmés par des sources indépendantes et des témoignages recueillis sur le terrain. Le Rwanda, en soutenant le M23, poursuit une stratégie régionale d’influence sécuritaire et économique, sous couvert de lutte contre les FDLR.
Une économie de guerre bien huilée
Au-delà du soutien militaire, le M23 dispose de moyens financiers importants, issus notamment :
- du trafic de minerais stratégiques (or, coltan, cassitérite) extraits dans les zones sous son contrôle ;
- de la perception de taxes illégales sur les populations et les flux commerciaux ;
- du soutien d’acteurs extérieurs intéressés par le chaos congolais, y compris dans certaines diasporas et réseaux économiques transnationaux.
Cette guerre est aussi une guerre économique, où les civils paient le prix de la complicité silencieuse de certains intérêts internationaux.
Le rôle trouble des puissances occidentales et de l’Union africaine
Au-delà du Rwanda, il faut interroger le rôle global des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Union africaine dans cette crise prolongée.
Les États-Unis, tout en se proclamant défenseurs de la paix, ont maintenu des alliances stratégiques avec des pays comme le Rwanda, soutenant directement ou indirectement leur puissance militaire. Malgré les preuves accablantes de l’implication de Kigali dans le conflit, aucune sanction ferme n’a été imposée, laissant entendre un double standard diplomatique.
L’Union européenne, quant à elle, multiplie les aides humanitaires sans jamais dénoncer explicitement les États qui arment ou soutiennent le M23. Ses partenariats économiques avec le Rwanda expliquent peut-être ce silence, perçu comme une forme de complicité passive.
L’Union africaine, censée être garante de la souveraineté des peuples africains, reste remarquablement silencieuse. Elle n’a jamais condamné publiquement l’agression contre la RDC, et son incapacité à proposer une médiation ferme jette une ombre sur sa crédibilité. En restant neutre face à l’injustice, elle trahit ses propres principes fondateurs.
Le silence complice devient une stratégie
Tant que l’on se limitera à des discours humanitaires déconnectés de la vérité géopolitique, le cycle de violences continuera. Et derrière ce cycle, il y a non seulement des groupes armés, mais aussi des acteurs étatiques puissants, protégés par le silence international.
Le peuple congolais, abandonné à lui-même, voit dans cette inaction non plus de la neutralité, mais une complicité camouflée dans la diplomatie.
Les acteurs nationaux : entre responsabilité et complicité
Dirigeants congolais : entre efforts et défaillances
Le pouvoir politique congolais a une responsabilité centrale dans la paix ou l’instabilité du pays. S’il est vrai que certains dirigeants font des efforts diplomatiques, militaires et sociaux pour restaurer l’unité nationale, force est de constater que :
- Des luttes internes de pouvoir sapent la cohésion politique nécessaire à une réponse forte face aux agressions ;
- La corruption et les complicités locales avec des réseaux économiques liés aux groupes armés affaiblissent l’État ;
- Certains responsables préfèrent capitaliser politiquement sur l’instabilité sécuritaire, ou faire de la guerre un levier électoraliste, plutôt que d’y mettre fin.
Autrement dit, la classe politique congolaise n’est pas homogène : elle compte des patriotes engagés, mais aussi des opportunistes complices.
Entreprises et opérateurs économiques : entre survie et compromission
De nombreuses entreprises congolaises, surtout dans l’Est, sont prises en otage par les groupes armés, qui imposent des taxes illégales, menacent les employés et dictent leurs règles. Dans ce contexte :
- Certaines entreprises collaborent à contrecœur pour survivre économiquement ;
- D’autres profitent délibérément du chaos pour faire des affaires sans impôts ni contrôle étatique, notamment dans l’exploitation artisanale des minerais.
Cette économie informelle et militarisée alimente indirectement les conflits, mais elle est aussi un reflet de l’absence de l’État dans des zones entières.
Société civile et ONG : entre engagement et limitations
Les acteurs de la société civile congolaise (églises, syndicats, mouvements citoyens, médias, associations locales) jouent un rôle crucial et souvent héroïque. Ils :
- Dénoncent les violences et les injustices, parfois au péril de leur vie ;
- Mènent des initiatives locales de réconciliation, de cohésion communautaire et d’éducation à la paix ;
- Servent de voix des sans-voix, face à un État souvent sourd ou absent.
Malgré leur impact, ces acteurs sont souvent marginalisés, faiblement financés, ou instrumentalisés par les partis politiques ou les ONG internationales.
Les ONG internationales ont un rôle ambivalent :
- Elles apportent un soutien humanitaire vital, surtout dans les zones de conflit ;
- Mais elles fonctionnent parfois dans une logique de gestion prolongée de la crise, sans réel transfert de pouvoir ou de capacité vers les Congolais eux-mêmes ;
- Certaines refusent de nommer les causes politiques et géopolitiques de la guerre, préférant une neutralité “humanitaire” qui frise parfois la lâcheté.
Quant aux ONG nationales, elles souffrent souvent de manque de moyens, mais certaines sont aussi complices des mafias locales ou transformées en guichets à projets, déconnectées des réalités du terrain.
Sociétés de gardiennage : entre sécurité et dérives
Les sociétés de gardiennage en RDC, notamment dans l’Est, jouent un rôle ambivalent dans le conflit. D’une part, elles assurent la sécurité de certaines installations et personnes ; d’autre part, leur implication dans des activités militaires soulève des préoccupations.
Par exemple, la société de sécurité privée bulgare Agemira a été signalée pour son soutien à l’armée congolaise dans la lutte contre les rebelles du M23. Elle emploie des mercenaires, notamment biélorusses, bulgares et roumains, pour conseiller l’armée congolaise, entretenir des avions et des drones, ravitailler les soldats et négocier des contrats d’armement .
De même, des sociétés militaires privées françaises ont été impliquées dans le soutien à l’armée congolaise face aux rebelles du M23 .
Ces activités contreviennent à la législation européenne qui interdit le mercenariat et soulèvent des questions sur la régulation des sociétés de sécurité privées en RDC.
🎯 Les sociétés de gardiennage locales : entre service de sécurité et jeu d’influence trouble
Les sociétés de gardiennage locales jouent un rôle croissant dans le paysage sécuritaire de la RDC, notamment à l’est du pays. Officiellement créées pour sécuriser des installations privées, publiques, ou humanitaires, leur influence réelle va bien au-delà de cette fonction initiale. On distingue trois types de dynamiques principales :
🔹 1. Des partenaires utiles dans un contexte d’insécurité chronique
Beaucoup de sociétés de gardiennage font un travail essentiel :
- Protection des sites d’ONG, d’agences de l’ONU, d’entreprises minières ou d’institutions ;
- Sécurisation des quartiers résidentiels, des dépôts, des banques et hôpitaux ;
- Participation indirecte à la stabilisation locale dans des zones abandonnées par l’État.
👉 Ces entreprises emploient des milliers de jeunes Congolais, leur offrant un emploi et parfois une formation, ce qui les rend vitales dans un contexte de chômage massif.
🔹 2.Des relais d’influence politico-militaire
Certaines sociétés sont liées à des figures politiques, militaires ou des chefs de guerre, et sont utilisées comme :
- Couverture légale pour des activités de renseignement ou de milice privée ;
- Outils de contrôle territorial dans les zones économiquement stratégiques ;
- Canaux de financement ou de recrutement indirect pour des groupes armés.
✅ Par exemple, dans certaines localités, on note que les gardes d’entreprises locales ont des affiliations claniques ou tribales, ce qui peut favoriser la propagation d’une logique de milice ou d’auto-défense déguisée.
🔹 3. Des acteurs ambigus dans le conflit
Il existe des accusations crédibles selon lesquelles certaines sociétés de gardiennage :
- Fourniraient des informations logistiques ou stratégiques à des groupes armés (M23, Maï-Maï, groupes étrangers) ;
- Trafiqueraient des armes ou des équipements sous couvert de leurs activités légales ;
- Ferment les yeux, voire coopèrent avec les occupants armés dans les zones contrôlées par les rebelles, pour maintenir leurs contrats ou leur sécurité.
👉 Dans certains cas, les employés de ces sociétés sont d’anciens militaires ou policiers démobilisés, avec des loyautés parfois ambiguës.
📌 Des noms évoqués dans les cercles locaux
Sans porter d’accusation sans preuve judiciaire, plusieurs noms circulent dans les discussions publiques, locales ou dans des rapports confidentiels, comme :
- SECURICO,
- GRIPCON,
- Panthera,
- Inter-Con Security,
- KMI
- Et d’autres sociétés privées de Goma et Bukavu, soupçonnées de liens directs ou indirects avec des élites politiques, des officiers FARDC ou des réseaux miniers illicites.
💡 NB : Ces noms nécessitent des enquêtes indépendantes approfondies, et ne doivent pas être assimilés à des accusations formelles sans confirmation officielle.
⚖️ Conclusion : complicité déguisée ou solution sécuritaire ?
Le flou juridique autour de ces sociétés, l’absence de régulation stricte, et les liens parfois opaques avec le pouvoir ou les groupes armés, en font un maillon critique mais ambigu dans la recherche d’une paix durable.
Il est temps pour l’État congolais de :
- Réguler, auditer et certifier les sociétés de gardiennage locales ;
- Imposer la transparence sur leur financement, leur recrutement et leurs liens ;
- Sanctionner celles qui sont complices ou passives face aux exactions armées.
🔍 Pourquoi les sociétés de gardiennage à Goma sont-elles majoritairement dominées par des personnes issues de la communauté Hutu ?
1. Facteurs historiques et démographiques
- La présence des Hutu dans le Nord-Kivu, notamment à Rutshuru, Masisi, Nyiragongo et dans la ville de Goma, remonte à plusieurs vagues migratoires du Rwanda voisin, avant, pendant et après le génocide de 1994.
- Après l’arrivée massive de réfugiés rwandais, dont des Hutu, beaucoup se sont installés durablement dans la région, où ils ont tissé des réseaux communautaires solides.
2. Réseaux communautaires bien structurés
- Les Hutu locaux (Congolais d’origine ou naturalisés) ont souvent organisé des réseaux économiques informels solidaires, facilitant l’accès à l’emploi, notamment dans des domaines comme la sécurité privée.
- Les recrutements dans les sociétés de gardiennage se font souvent par cooptation ou recommandation tribale, un mécanisme de solidarité qui a favorisé leur mainmise dans ce secteur.
3. Compétences issues de l’expérience militaire
- Beaucoup d’hommes Hutu, en particulier parmi les anciens réfugiés ou combattants démobilisés (Interahamwe, FDLR, Maï-Maï, etc.), possèdent une formation militaire ou paramilitaire.
- Cette expérience les rend immédiatement opérationnels pour les sociétés de gardiennage qui cherchent du personnel “formé” mais bon marché.
4. Tolérance ou complaisance des autorités
- À Goma, certaines autorités locales ferment les yeux ou collaborent avec ces sociétés, parfois pour des raisons politiques ou électorales.
- Certains leaders Hutu ayant une influence économique ou sécuritaire bénéficient d’une forme de “protection politique”, ce qui leur permet de maintenir une présence dominante dans ce secteur.
5.Fragilité de l’État et absence de contrôle
- L’État congolais ne régule pas strictement le secteur de la sécurité privée : pas de normes nationales claires, peu de contrôles sur les profils, l’armement ou les affiliations.
- Cela permet à n’importe quel groupe bien organisé (tribal, politique, religieux ou militaire) de dominer un secteur économique, surtout dans les zones de conflit.
🎯 Enjeux pour la stabilité
Cette domination communautaire d’un secteur sécuritaire sensible pose plusieurs problèmes :
- Risque de miliciarisation déguisée ;
- Exclusion des autres communautés, favorisant la méfiance interethnique ;
- Possibles connexions avec des groupes armés ou des réseaux mafieux ;
- Instrumentalisation de ces sociétés par des intérêts étrangers ou rebelles.
✅ Que faire ?
- Audit national du secteur de la sécurité privée ;
- Mise en place d’un quota ethnique ou régional équilibré dans les recrutements ;
- Formation, certification et contrôle des sociétés par un organe neutre et indépendant ;
- Lancement d’un débat public sur la sécurité communautaire vs. l’État de droit.
🇨🇩 La RDC peut-elle stabiliser seule une paix durable ?
Oui, mais pas dans les conditions actuelles.
La RDC possède les ressources humaines, naturelles et stratégiques nécessaires à sa stabilisation. Mais ce potentiel est aujourd’hui bloqué par :
- Une faiblesse des institutions (justice, armée, police, administration) ;
- Une corruption systémique et l’impunité ;
- Une absence de volonté politique ferme de rompre avec les intérêts privés et communautaristes dans la gestion du conflit ;
- L’absence d’un véritable projet national de cohésion sociale et de réinsertion.
🛠️Mécanismes concrets pour une paix durable
🔹 1. Réformer en profondeur les institutions de sécurité et de justice
- Créer un organe civil indépendant pour surveiller l’armée, la police, les services de renseignement ;
- Renforcer l’autorité judiciaire locale, avec des juridictions mobiles dans les zones sensibles ;
- Lancer un tribunal spécial national pour les crimes de guerre et d’exploitation illégale ;
- Sanctionner les officiers et politiciens corrompus ou complices des groupes armés.
🔹 2.Eémilitariser les conflits communautaires
- Interdire les groupes d’autodéfense armés, même ceux soutenus discrètement par des notables ;
- Impliquer les chefferies traditionnelles, les leaders religieux et les jeunes dans des comités locaux de paix ;
- Récupérer les armes par programme de désarmement incitatif (argent, emplois, bourses, formation, etc.).
🔹 3. Mettre fin à l’amnistie automatique des chefs rebelles
- Interdire toute intégration automatique des chefs rebelles dans l’armée ;
- Créer une commission nationale de vérité, justice et réintégration, pour étudier au cas par cas :
- Ceux qui peuvent être jugés pour crimes ;
- Ceux qui peuvent bénéficier de réinsertion civile (pas militaire) ;
- Ceux à exiler temporairement sous surveillance régionale.
👥 Sortir les jeunes de la logique de la guerre
Le manque d’emploi, l’absence d’avenir, la colère contre l’État et l’influence des chefs communautaires poussent les jeunes à prendre les armes.
✅ Solutions pour embarquer la jeunesse dans un projet de paix :
- Lancer un Plan national de réinsertion communautaire, avec :
- Travaux publics rémunérés (routes, écoles, agriculture, environnement) ;
- Formations professionnelles intensives (construction, maintenance, logistique, sécurité) ;
- Aide à la création de coopératives économiques locales.
- Recruter des jeunes pour des missions de paix locales : surveillance civile, nettoyage des villages, relogement des déplacés ;
- Impliquer la jeunesse dans des programmes de dialogue interethnique, de théâtre de paix, d’activisme numérique, etc.
🎯 Et pour les chefs rebelles déjà dans l’armée ?
1. Évaluation individuelle de leur comportement
- Créer une unité spéciale de renseignement et d’observation des anciens chefs rebelles intégrés ;
- Révoquer, juger ou exiler ceux qui créent des divisions, détournent les ressources ou entretiennent des milices parallèles.
2.
Reformater le commandement militaire
- Mettre fin au clientélisme ethnique et politique dans les nominations ;
- Recruter de nouveaux officiers issus de la diaspora, des universités militaires africaines ou internationales ;
- Remettre la discipline, la doctrine républicaine et la loyauté nationale comme critères centraux.
🇨🇩 En Afrique : Démocratie contre Dictature — un faux dilemme ?
Ni la démocratie électorale telle qu’elle est pratiquée, ni la dictature militaire ne semblent apporter durablement la stabilité, la justice sociale, ou le développement économique, lorsqu’elles sont guidées par des intérêts égoïstes
1. ✅ La démocratie : un idéal trahi
En théorie, la démocratie garantit :
- la participation citoyenne,
- la limitation des abus de pouvoir,
- la redevabilité des dirigeants,
- et l’alternance politique pacifique.
Mais en Afrique — y compris en RDC :
- Les élections sont souvent frauduleuses ou manipulées ;
- Les institutions sont faibles, capturées par l’exécutif ;
- Les partis politiques sont tribalisés ou clientélistes ;
- La société civile est instrumentalisée ou réprimée ;
- Et le peuple ne choisit pas : il subit.
👉 Une démocratie sans justice, sans équité, sans développement est un théâtre sans espoir.
2. ⚠️ La dictature : l’illusion de l’ordre
Dans certains cas, des régimes autoritaires ont apporté :
- une certaine stabilité temporaire (Rwanda, Érythrée, Égypte) ;
- une discipline institutionnelle ;
- une lutte rapide contre la corruption ;
- et des progrès visibles en infrastructures.
Mais ces résultats sont souvent :
- obtenus au prix de la répression, du silence forcé et de la peur ;
- dépendants d’un seul homme (pas d’institutions durables) ;
- rapidement effacés dès que le régime tombe.
👉 La dictature peut faire gagner du temps… mais elle ne bâtit pas une paix durable, ni une justice réelle.
🔥 Les coups d’État sont-ils une solution ?
Non, dans l’absolu. Mais…
❌ Un coup d’État :
- viole la constitution,
- désorganise les institutions,
- militarise le pouvoir civil,
- crée un précédent dangereux.
Mais dans certains cas africains récents (Burkina Faso, Mali, Niger), les peuples ont accueilli favorablement ces changements, non pas parce qu’ils veulent des dictateurs, mais parce qu’ils veulent la fin d’un système corrompu, vendu, inefficace.
👉 Le problème, ce n’est pas la démocratie ou la dictature : c’est l’inaction, la corruption, et la trahison du peuple.
🎯 Quelle voie de sortie alors ?
✔️ Vers une gouvernance de transition forte, patriotique et réformiste
- Appuyée sur des valeurs, non des élections seules ;
- Portée par une coalition citoyenne, militaire, religieuse et traditionnelle ;
- Instaurant une vraie justice transitionnelle, un audit national, une refondation des institutions.
Il peut s’agir d’un régime de transition forte, limité dans le temps, avec :
- une feuille de route claire,
- un mandat populaire,
- une obligation de résultat avant tout retour à une démocratie rénovée.
🧩 En conclusion :
La paix en RDC viendra d’abord d’un courage intérieur, d’une rupture avec l’impunité, et d’un investissement massif dans la jeunesse, la justice, et la réforme de l’armée.
Les aides extérieures doivent appuyer ces efforts, pas les précéder ni les remplacer.
- Les élections mal organisées ne produisent pas de démocratie ;
- Les dictatures sans vision sacrifient l’avenir au profit de l’ordre présent ;
- L’Afrique a besoin d’un 3e modèle : une refondation institutionnelle, souveraine, patriotique, intègre — portée par des hommes nouveaux, non par des partis recyclés.
📰 Le pluripartisme en Afrique et en RDC : inspiration démocratique ou cacophonie institutionnelle ?
L’introduction du pluripartisme dans les années 1990 fut saluée comme un tournant historique pour l’Afrique postcoloniale. L’instauration du multipartisme promettait la liberté, l’alternance, la responsabilité, et la fin des dictatures. Plus de 30 ans plus tard, l’heure du bilan s’impose : en République Démocratique du Congo (RDC) comme ailleurs, le pluripartisme est-il une source de développement ou un facteur d’instabilité chronique ?
⚖️ De l’idéal démocratique à la fragmentation politique
En RDC, on compte plus de 600 partis politiques officiellement reconnus. Une diversité qui, loin de traduire la richesse des opinions, s’apparente souvent à une balkanisation du débat public :
- Les partis sont généralement ethniques, régionalistes ou clientélistes ;
- Ils manquent de programmes cohérents et de fondements idéologiques solides ;
- Le pluralisme devient un instrument de marchandage politique : chaque leader crée un parti pour négocier un poste ou un financement ;
- Le débat parlementaire est paralysé par des coalitions de circonstances, sans vision nationale.
👉 Résultat : le pluralisme devient cacophonie, et l’État devient un gâteau à partager entre partis, au lieu d’un outil au service du peuple.
🧨 Le pluripartisme, facteur de conflits latents ?
Dans un contexte aussi fragile que celui de la RDC, le multipartisme actuel alimente :
- Les divisions communautaires : les partis renforcent les appartenances tribales plutôt que l’unité nationale ;
- La défiance populaire : le peuple n’y croit plus, voyant les élections comme des spectacles de légitimation ;
- L’instabilité institutionnelle : les coalitions explosent, les motions de censure se multiplient, et les crises de légitimité s’enchaînent.
✊ Mais faut-il supprimer le multipartisme ?
Non. Le problème n’est pas le multipartisme en soi, mais la manière dont il est pratiqué. Une démocratie a besoin d’un débat politique pluraliste. Mais ce débat doit être organisé, responsable et orienté vers le bien commun.
🛠️ Quelle solution pour une harmonie vers la paix durable et la stabilité politique ?
1. ✅ Réduction du nombre de partis
- Instaurer un seuil minimum de représentativité nationale pour la reconnaissance ou le financement d’un parti ;
- Fusionner les micro-partis autour de projets idéologiques clairs.
2. ✅ Réforme du financement des partis
- Supprimer les financements à la tête du client ;
- Établir un fonds public neutre, alloué sur la base de résultats électoraux transparents et de respect des obligations démocratiques.
3. ✅ Éducation politique citoyenne
- Former la population, dès l’école, sur les principes de la gouvernance, la redevabilité et la citoyenneté active ;
- Lutter contre le tribalisme politique par des campagnes d’unité nationale.
4. ✅ Renforcer les institutions de régulation
- Donner plus de pouvoir et d’indépendance à la Cour constitutionnelle, à la CENI et à l’IGF, pour contrôler les partis et leurs pratiques ;
- Interdire les alliances sans base programmatique et idéologique cohérente.
🌍 Vers une démocratie utile, non décorative
L’Afrique — et la RDC en particulier — n’a pas besoin d’un pluralisme de façade, mais d’un pluralisme utile, enraciné dans les besoins réels de la population.
Il est temps de passer du multipartisme de survie au pluralisme de responsabilité, où chaque parti devient une force de proposition, de cohésion et de transformation.
Ce n’est qu’à ce prix que le pluralisme pourra redevenir une source d’inspiration démocratique, et non une cacophonie qui ruine les espoirs de paix durable.
🇨🇩 La paix viendra-t-elle d’un leader de l’Est ou de l’Ouest ? Ou faut-il penser au-delà des origines géographiques ?
🧭 1. L’illusion de la provenance géographique comme solution
La RDC est un vaste pays — un continent en soi — avec des réalités historiques, linguistiques, culturelles et sécuritaires différentes entre :
- L’Est (Swahili) : marqué par les guerres, les conflits frontaliers, l’ingérence régionale ;
- Le Sud-Est (Tshiluba) : berceau de grands courants syndicaux et autonomistes ;
- Le Centre et l’Ouest (Lingala et Kikongo) : noyau du pouvoir post-indépendance, centre politique et économique.
Dans l’inconscient collectif, chaque région pense que “son” leader serait plus juste, plus proche, plus légitime.
Mais l’expérience montre que la provenance géographique n’a jamais garanti une gouvernance équitable ni la paix.
Exemple : Joseph Kabila, originaire de l’Est, n’a pas mis fin à la guerre dans le Kivu.
Félix Tshisekedi, originaire du centre, n’a pas empêché les frustrations dans l’Est ni dans l’Ouest.
🧠 2. Le vrai problème : pas l’origine, mais la vision
Ce dont la RDC a besoin, ce n’est pas d’un président “de l’Est” ou “de l’Ouest”, mais d’un président :
- qui incarne l’unité nationale,
- qui comprend les douleurs de toutes les régions,
- qui ne gouverne pas pour sa base tribale ou régionale,
- et qui a le courage de réformer l’armée, la justice, les finances et la gouvernance locale.
Le Congo doit dépasser le syndrome du “notre tour” pour embrasser une vision collective :
👉 La paix viendra d’un leader juste, non d’un leader “proche”.
🛡️ 3. Faut-il alors une présidence tournante régionale ?
C’est une piste proposée dans certains pays multiculturels (comme le Nigeria avec la rotation Nord/Sud). En RDC, cela pourrait :
- Rétablir la confiance entre les régions,
- Limiter la captation continue du pouvoir par une seule zone,
- Créer une responsabilité politique partagée.
Mais cela doit s’accompagner d’une réforme des institutions pour éviter que ce soit une simple redistribution du pouvoir entre élites régionales.
🌍 4. Quelle solution pour une paix durable ?
- Institutionnaliser la représentation équitable des régions dans l’armée, la justice, l’économie et l’administration ;
- Promouvoir un leadership basé sur le mérite, la probité, l’engagement national, pas sur l’identité ethnique ;
- Créer un Conseil de Paix et Réconciliation Nationale avec des leaders des 4 grandes zones linguistiques, pour guider les réformes post-conflit ;
- Investir dans une génération nouvelle de leaders panafricains, formés à l’éthique, au patriotisme, et à la gouvernance responsable.
🇨🇩 Refonder la RDC : 14 pistes radicales pour spolier définitivement les causes de guerre et bâtir une paix durable
“Il ne suffit pas d’arrêter une guerre pour faire la paix. Il faut déraciner ce qui l’a rendue possible.”
🔥 Introduction : La guerre n’est pas un hasard en RDC
Depuis plus de deux décennies, la République Démocratique du Congo vit au rythme des conflits armés, des déplacements massifs de populations, des pillages de ressources et de l’effondrement progressif de la cohésion nationale. Ce chaos n’est ni un accident, ni une fatalité. Il est le fruit de structures brisées, d’injustices profondes, de complicités locales et internationales, et d’une élite incapable de transformer le pouvoir en projet collectif.
Face à ce constat, la paix ne viendra pas par miracle, ni par un énième accord de cessez-le-feu. Il faut oser une refondation radicale, une spoliation systématique des causes réelles des guerres.
Voici 14 pistes de transformation, structurées autour de cinq grands axes, pour désamorcer durablement les bombes qui minent la RDC.
🧱 Axe 1 : Refonder l’État et reconstruire la sécurité
1. Démilitariser l’Est avec un pacte régional contraignant
Instaurer une coopération militaire renforcée entre pays voisins sous supervision panafricaine, pour neutraliser ensemble tous les groupes armés sans sélectivité ethnique.
2. Professionnaliser l’armée et les services de renseignement
Recrutement par mérite, interdiction d’intégrer d’anciens rebelles sans justice préalable, formation à l’éthique républicaine.
3. Créer un Tribunal spécial pour les crimes de guerre et économiques
Mêlant magistrats nationaux et internationaux, ce tribunal permettrait de mettre fin à l’impunité structurelle.
🌱 Axe 2 : Justice sociale et inclusion économique
4. Lancer un Plan Marshall pour l’emploi des jeunes
Créer des coopératives et des centres de formation dans les zones rouges pour désarmer la jeunesse par l’emploi productif.
5. Sécuriser l’accès aux terres et ressources naturelles
Mettre en place un cadastre national numérique, une réforme foncière participative, et un mécanisme de médiation indépendant.
6. Nationaliser partiellement les ressources stratégiques
Pour redistribuer équitablement les bénéfices miniers dans des projets de développement local.
🧠 Axe 3 : Mémoire collective, éducation et guérison psychologique
7. Enseigner l’histoire des conflits congolais à l’école
Construire une mémoire nationale pour éviter la répétition des tragédies.
8. Lancer un programme national de soin post-traumatique
Cibler anciens miliciens, populations déplacées, enfants soldats et familles victimes.
9. Promouvoir un patriotisme républicain et non tribal
Appuyer les médias publics et la production culturelle pour construire un imaginaire national unificateur.
🛠 Axe 4 : Réformes politiques pour une gouvernance équilibrée
10. Réguler le multipartisme
Limiter les partis à ceux ayant une représentation nationale effective pour éviter la cacophonie institutionnelle.
11. Décentraliser efficacement avec un équilibre fiscal clair
Les provinces doivent gérer une partie de leurs recettes, avec obligation de redevabilité locale.
12. Favoriser un leadership de rupture
Encourager l’émergence de leaders nouveaux, issus de toutes les régions et classes sociales.
🤝 Axe 5 : Acteurs non étatiques et paix communautaire
13. Réguler et transformer les sociétés de gardiennage
Mettre fin à leur rôle ambigu. Leur donner un statut clair de “garde territoriale civile”, sous contrôle de l’État, avec obligation de neutralité et formation civique. Certaines sociétés seraient à dissoudre en raison de leur collusion avec les groupes armés.
14. Créer des conseils intercommunautaires de paix dans chaque territoire
Incluant chefs traditionnels, jeunes, femmes, anciens miliciens repentis, religieux – pour dialoguer, prévenir et résoudre les tensions locales.
🧭 Conclusion : L’heure de vérité a sonné
La RDC ne pourra jamais exporter la paix depuis l’extérieur, ni espérer des solutions venues de ceux qui bénéficient de sa division. Le temps est venu de regarder en face les responsabilités internes : élites politiques, acteurs économiques, société civile, forces armées.
Ce n’est qu’en déracinant les causes de la guerre que nous pourrons prétendre à une paix juste, stable et durable.
Reconstruire la RDC, ce n’est pas un rêve. C’est une urgence. Et c’est possible.
À condition de désarmer les intérêts, de guérir les mémoires, et de réarmer la justice.
Peu importe qu’il vienne de l’Est, de l’Ouest, du Sud ou du Nord.
Le vrai président dont la RDC a besoin, c’est celui qui vient du cœur du Congo : la conscience collective de son peuple.
Un homme ou une femme de toutes les langues, de toutes les douleurs, et de toutes les espérances.
Il est temps de dire la vérité
Nous appelons à une mobilisation nationale, régionale et internationale pour :
• mettre fin à l’impunité des agresseurs et de leurs soutiens ;
• désigner les responsabilités sans détour ni langue de bois ;
• soutenir l’État congolais dans sa reconquête légitime de son territoire ;
• et exiger le retrait immédiat des forces du M23 et de leurs parrains.
La paix en Afrique centrale ne viendra ni des ONG seules ni des caméras diplomatiques. Elle naîtra de la justice, de la vérité, et d’un courage politique capable de bousculer les intérêts installés.
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Par Ir. Fiston MITIMA KASI
Ingénieur en Informatique, consultant indépendant, entrepreneur et penseur engagé, militant pour la paix, la justice climatique et la souveraineté africaine.
Goma, RDC – Juin 2025
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